Le travail de nos ateliers en milieu psychiatrique -- Joëlle DEQUIPER
“Accompagnant les patients dans l’aventure de la création musicale, le musicothérapeute agit d’abord comme un déclencheur de l’énergie créatrice, comme participant ensuite
au plaisir narcissique du malade créateur devant son oeuvre, mais attestant en même temps de la présence de l’autre, de la société, mettant en jeu au moment opportun le
principe de réalité et la nécessaire désillusion qui l’accompagne. (…) Parler de la musicothérapie, c’est parler de soi, des autres, du réel, de l’imaginaire, d’un ICI
et d’un AILLEURS, vécu peut-Être comme moins dangereux.”
En empruntant ce témoignage à Francis COUVREUR, Directeur du Centre Belge de Musicothérapie, je mesure mieux la chance qui m’a été donnée, voilà plus de deux ans déjà, d’intégrer une équipe de travail et thérapeutes, l’espace transitionnel LE PASSE MURAILLE sous l’impulsion du Docteur Posner, au sein de l’hôpital psychiatrique LE CHÊNE AUX HAIES à Mons.
Les activités d’expression telles que le modelage, la peinture, l’expression corporelle, la relaxation, l’hippothérapie, la musique, se sont structurées dans un espace transitionnel où; tout un travail d’équipe s’est mis en place. L’originalité thérapeutique institutionnelle de cette structure réside dans la conception de l’expression en tant que thérapie beaucoup plus qu’en tant que moyen strictement occupationnel ou d’information.
Les patients dont nous nous occupons sont souvent lourdement touchés par la maladie, la souffrance et, lorsque les mots manquent ou n’ont pas le sens commun, la vie est errance, angoisse, déstructuration… Pour tenter le passage d’une rive à l’autre, il faut des points d’appui, des passerelles multiples. C’est ainsi que l’attention bienveillante du thérapeute et l’espace sécurisant que peut offrir la musique peuvent donner l’occasion d’éveiller chez le patient un reste d’élan vital, d’accession à un monde commun.
J’ai pu envisager, avec l’aide précieuse et la réflexion de mes collègues, trois types de prises en charge :
Certes, ni la musique, ni les activités d’expression ne sont la panacée universelle. Elles permettent encore moins d’inscrire une échelle de mesure des effets tout-à-fait contrôlables, mais le fait de s’exprimer n’est-il pas le propre de l’homme? Ainsi Gaston BACHELARD disait : “Qu’est-ce que l’homme? Dans sa noblesse intellectuelle, c’est un être qui invente.”
Joëlle DEQUIPER
En empruntant ce témoignage à Francis COUVREUR, Directeur du Centre Belge de Musicothérapie, je mesure mieux la chance qui m’a été donnée, voilà plus de deux ans déjà, d’intégrer une équipe de travail et thérapeutes, l’espace transitionnel LE PASSE MURAILLE sous l’impulsion du Docteur Posner, au sein de l’hôpital psychiatrique LE CHÊNE AUX HAIES à Mons.
Les activités d’expression telles que le modelage, la peinture, l’expression corporelle, la relaxation, l’hippothérapie, la musique, se sont structurées dans un espace transitionnel où; tout un travail d’équipe s’est mis en place. L’originalité thérapeutique institutionnelle de cette structure réside dans la conception de l’expression en tant que thérapie beaucoup plus qu’en tant que moyen strictement occupationnel ou d’information.
Les patients dont nous nous occupons sont souvent lourdement touchés par la maladie, la souffrance et, lorsque les mots manquent ou n’ont pas le sens commun, la vie est errance, angoisse, déstructuration… Pour tenter le passage d’une rive à l’autre, il faut des points d’appui, des passerelles multiples. C’est ainsi que l’attention bienveillante du thérapeute et l’espace sécurisant que peut offrir la musique peuvent donner l’occasion d’éveiller chez le patient un reste d’élan vital, d’accession à un monde commun.
J’ai pu envisager, avec l’aide précieuse et la réflexion de mes collègues, trois types de prises en charge :
- La première concerne un groupe de patientes autistes. C’est un atelier centré davantage sur l’expression rythmique. Devant la difficulté d’approche de ces patientes emmurées dans le silence et l’angoisse – certaines d’entre-elles rasaient les murs et n’acceptaient aucune tentative de communication – nous avons eu l’impression de vivre une aventure hazardeuse et difficile. Mais, peu à peu, attirées par les instruments disposés par terre, les patientes se sont progressivement prises au jeu de la manipulation instrumentale. Des sourires se sont ébauchés, des regards se sont échangés, une certaine confiance s’est établie, une expression est née avec un plaisir évident, une communication non verbale s’est amorcée.
- Un autre type de prise en charge concerne davantage des patients de divers pavillons de l’hôpital. C’est la possibilité d’un autre lieu, d’un autre regard, d’autres possibilités d’échanges en décalage avec le travail pavillonnaire. Les activités de cet atelier se sont développées suivant trois axes :
- Le troisième type de prise en charge m’est le plus privilégié et je prends le risque d’en parlé avec un peu plus d’émotion encore.La patiente est une dame âgée, se trouvant à l’hôpital depuis plus de 20 ans. Ensemble, nous avons pu découvrir des compréhensions musicales et humaines teintées d’humour et de jeu. Elle a pu se remettre au piano et reprendre ainsi contact avec quelques instants du bien-être si souvent interdit par un vécu persécutif envahissant. Elle a pu parler de ses angoisses, de son désir encore présent … et souvent, lorsqu’elle interprète quelques valses de Chopin, je ne puis m’empêcher d’y joindre une assotiation d’image : Chopin, ce jeune compositeur exilé, serrant contre lui un peu de terre de son pays natal afin de ne pas perdre toutes ses racines, et cette dame qui me dit si souvent “Je voudrais rentrer chez moi et retrouver mon piano …”.
– L’expression vocale et instrumentale. Elle part de toute utilisation de la voix et des instruments en improvisation ou en jeu d’ensemble plus structuré. L’ambiance générale du groupe est au plaisir, à la détente, à l’émotion d’une expérience de vie partagée. La musique devient le médiateur de la relation, “l’objet en commun”non dangereux, qui permet toutes les prospections et l’expression de soi encore possible.
– Les techniques psychomusicales. Ce travail vise principalement l’utilisation de l’acquisition rythmique comme support au développement harmonieux de la motricité. Sous la forme d’exercices rythmiques amusants et de l’expression corporelle, les patients développent l’intégration des différents éléments de la psychomotricité : le sens de l’espace, du temps, le schéma corporel et l’image du corps, la mémorisation, le sens social …
– La réceptivité. ll s’agit de faire entendre de la musique enregistrée à tous les membres du groupe. Après cette écoute dans le calme et la détente, chacun est invité à exprimer ce que la musioue évoque pour lui. Cet échange, parfois intense, permet la rencontre de l’autre, la libération de ses émotions, l’évocation de soi, de son désir, de ses angoisses, de sa souffrance …
Certes, ni la musique, ni les activités d’expression ne sont la panacée universelle. Elles permettent encore moins d’inscrire une échelle de mesure des effets tout-à-fait contrôlables, mais le fait de s’exprimer n’est-il pas le propre de l’homme? Ainsi Gaston BACHELARD disait : “Qu’est-ce que l’homme? Dans sa noblesse intellectuelle, c’est un être qui invente.”
Joëlle DEQUIPER